Ouvrir sa boutique en ligne (de A à Z) – Version Illustrateur

Toute fière, j’avais réalisé ma première vente à mes 18 ans avec un marque-page fait main. J’ai par la suite fait quelques vente grâce au bouche à oreille. C’est en 2018 que je crée ma première boutique en ligne avec etsy. Puis ensuite je crée une boutique Redbubble. Redbubble permet de ne pas se retrouver avec un stock sur le dos. Vous avez juste à mettre votre illustration sur le produit que vous souhaitez (mug, tote bag, t-shirt et même impressions) et ce sont eux qui se charge de la fabrication et de l’envoi. Par contre, votre marge est minime sur vos ventes. Cela peut être une bonne solution à court terme mais pas si vous voulez en faire votre business.

Je vous raconte cette petite storytime pour remettre les choses dans son contexte car je viens de rouvrir ma boutique Etsy ! Et je voulais vous parler des différentes étapes par lesquels on passe lorsque l’on veut créer sa boutique en ligne. Je me posais beaucoup de questions avant de le faire et j’espère que cela vous aidera à mieux vous aiguiller.

Étape 1 – Créer ses illustrations

Ça paraît évident, mais bon on fait tout de A à Z ici. Personnellement ce n’était pas un problème parmi mes centaines d’illustrations (non je n’exagère pas, peut-être qu’il faudrait que l’on fasse tous l’inventaire de nos créations nous serions tous bien surpris). Si cette étape n’est pas atteinte pour l’instant vous pouvez vous concentrer sur la création d’une petite série. Le choix a été dur mais j’ai réussi à choisir 10 illustrations parmi moulte autres options. Je voulais des choses qui soient fidèles à l’ensemble de mon travail et qui seraient également plus « commerciales » ou autrement dit qui pourrait plaire potentiellement à plus de monde.

illustrations de mode carte postale

Étape 2 – Retoucher ses illustrations

Si vous travaillez sur digital vous ne rencontrerez pas trop ce problème là, du moins la tâche vous ait facilité. Mais si vous créez principalement en méthode traditionnelle (tout ce qui est non digital) il faut d’abord scanner ou bien photographier vos dessins. Je ne sais pas pour l’instant si il y a une réelle différence entre les deux, le scanner permet d’éclaircir au mieux votre image et d’éviter les flous possible avec la photographie. Néanmoins, les scanner sont coûteux et encore davantage au-delà du format A4. Vous avez aussi l’option de pouvoir les scanner chez votre imprimeur. En ce qui me concerne je photographie mes illustrations avec mon reflex et la qualité est top. Il faut juste faire les bons réglages au niveau du focus, des couleurs et de la luminosité. Vous pouvez voir le résultat de vous-même dans ma vidéo ou sur ma boutique.

Je retouche mes illustrations sur photoshop. Mettez d’abord votre fichier au bon format. Vous voulez imprimer en A4 mettez bien votre fichier final au format A4. Je retouche souvent mes illustrations au format A3 puis crée un fichier spécial au format souhaité (A4, carte postale). Faites également attention à bien mettre la colorimétrie du fichier en CMJN (destiné à l’impression) et non en RVB (destiné au web). Autre élément auquel penser , c’est à la création de marge autour de votre illustration. Mon imprimeur préférait les fichiers sans marge mais souvent les imprimeurs sur internet (ou lorsque ce sont de grandes quantités à imprimer) demandent une zone de marge et de zone tranquille. J’ai fais imprimer mes cartes de visite sur Exaprint et les marges étaient impératives, ils m’ont même corrigé mon fichier car pour eux la zone tranquille n’était pas assez respecté.

Étape 3 – Trouver son imprimeur

Il existe pleins d’options sur internet. Je n’en ai pas testé mis à part Exaprint mais soyez vigilant qu’il vous fasse des impressions test au préalable car il est difficile de deviner par la bonté divine quelle sera la qualité de l’encre et quel type de papier vous conviendra le mieux (quel grammage ? Lisse, à grain, chromé ? Blanc, Extra blanc ?, etc). J’ai voulu choisir un imprimeur près de chez moi. J’ai envoyé des demandes de devis en précisant ce que je voulais (quantité, format, en couleur, grammage du papier, texture du papier, etc) puis j’ai fait mon choix parmi les réponses. J’ai ensuite fait des impressions test et c’est comme ça que j’ai trouvé mon bonheur dans un papier texturé 320g. Ce papier rend parfaitement pour mon type d’illustration et les impressions ressemblent davantage à l’illustration originale qui est réalisée sur un papier 300g à grain.

Étape 4 – Créer sa boutique en ligne

Il existe pleins de plateformes comme etsy, shopify, woocommerce et bien d’autres. Des options de boutique comprise sur votre site internet comme shopify ou woocommerce (extension de wordpress) vous coûtera dans les environs de 50€ / mois. C’est vrai qu’Etsy prend de plus grosses commissions comparé à avant (peut être que leur popularité a fait que) mais pour moi cela restait une bonne option car ce n’est pas mon revenu principal, je voulais juste pouvoir proposer quelques une de mes créations. Etsy vous demande 0,20 dollars pour la création d’une fiche produit et celle-ci est renouvelable tous les quatre mois. Il me semble qu’il prenne également une commission sur vos ventes. Certes, plus cher qu’avant mais cela peut tout de même rester intéressant pour certains d’entre vous. Sur Etsy votre boutique est créer en 5 minutes, il suffit de rentrer vos coordonnées et le nom de la boutique.

Étape 5 – Créer ses fiches produit

Pour la création de votre fiche produit il faut penser à la présentation de vos produits. Vous pouvez soit prendre en photo chacun de vos produits, un par un ou soit créer un mock up. Le mock up vous permet de retoucher seulement une photo puis ensuite vous mettez vos différents motifs dans ce mock up. Vous pouvez réaliser vous-même votre mock up avec votre appareil photo ou le télécharger gratuitement (ou pas) sur internet.

portrait femme au foulard bleu
bottines orange à la peinture
silhouette et portrait de mode

Une fois le shooting terminé il faut s’atteler à la description de votre produit. Qu’est-ce que c’est ? Une impression. En quel format ? A4 ou carte postale. Sur quel papier ? Papier texturé 320g, etc, etc.

Étape 6 – Lier sa boutique à Instagram

Cette étape est assez compliqué avec Etsy car Instagram n’est pas en partenariat avec cette dernière contrairement à shopify par exemple. Il faut impérativement avoir un compte Instagram professionnel (donc lié à une page facebook pro). Il faut ensuite par le biais de facebook business manager créer un catalogue et rentrer manuellement chaque fiche produit dans ce catalogue. Bref je vous mets un lien qui vous explique tout ça parfaitement (petit bémol pour les non fluent cet article est en anglais) : https://www.camillemedina.com/blog-archive/2021/7/2/how-to-link-your-etsy-shop-to-your-instagram-in-order-to-tag-products-in-your-posts#:~:text=Go%20to%20your%20Instagram%20profile,.com)%20and%20tap%20Select.

Étape 7 – L’expédition

Pensez à comment vous voulez expédier vos illustrations et comment vous voulez emballer vos impressions (papier de soie, plastique, etc). Personnellement j’ai choisi d’expédier mes formats A4 dans des enveloppes cartonnées et mes cartes postales dans des enveloppes postales (pour que l’envoi soit moins cher et plus rapide). Regardez bien les tarifs sur le site de La Poste (ou l’expéditeur que vous choisissez) selon le type d’envoi lettre verte, prioritaire, suivi, etc et selon le poids de votre lettre ou colis.

Et voilà, j’espère que ces informations vous auront été utiles et que cela vous aura aidé à voir plus clair dans les étapes par lesquelles il faut passer pour la création de sa boutique en ligne. Je me posais beaucoup de questions avant tout ça et finalement une fois fait tout est plus limpide. N’hésitez pas à me faire parvenir vos conseils ou retours, à bientôt !

Pour faire un tour sur ma boutique : piewpettestore.etsy.com

Comment progresser en Dessin ?

Hello, me revoilà comme promis cette semaine avec une nouvelle vidéo. Je vous donne quelques conseils sur comment progresser en dessin. Apprendre à dessiner est un long parcours et j’avais envie de partager avec vous ce qui moi m’a aidé, ce n’est que mon expérience personnelle et sans doute que certains conseils seront plus pertinents pour vous que d’autres. Voici ma vidéo si vous voulez en savoir plus sur mes 7 conseils 😉

Dessiner avec du matériel pas cher

Hello ! J’avais envie de vous montrer que l’on peut commencer à dessiner si on est un débutant (ou même quelqu’un de plus expérimenté) avec presque rien. Si c’est le budget qui vous retient de dessiner et bien figurez-vous que vous avez juste besoin d’une feuille de bureau A4 et d’un critérium. Si vous voulez en savoir plus voici la vidéo où je vous dis tout 😉

5 chaînes Youtube d’Illustratrices

Aujourd’hui je vous présente des chaînes YouTube d’illustratrices françaises. C’est celles dont je regarde le plus souvent les vidéos, ce n’est donc pas du tout une liste exhaustive ! Il y en a encore bien d’autres. Dans leurs vidéos ces illustratrices nous parlent de leur métier (le plus souvent en free lance), de leur boutique en ligne, de leur projets d’illustration, etc. Elles nous partagent leurs conseils, leurs ressenti, leurs expériences et pleins de belles choses. Si vous voulez en savoir plus regardé ma vidéo sur L’Anasonge, Aurore Bay, Lamarin Illustrations, Ectomorphe et Marie Boiseau 😉

Atelier tour Illustratrice

Bon, ma première chaîne YouTube n’a pas très bien fonctionné. Au bout d’un an je n’avais que 59 abonnés. À vrai dire je n’étais pas très active, je publiais tous les mois voir pas du tout parfois. Mais cette fois-ci je reviens en force plus motivée que jamais avec la toute première vidéo où j’ai pris mon courage à deux mains et enfin osé montrer ma tête (après 1 an sur Youtube). J’espère que ça va vous plaire et n’hésitez pas à vous abonner ou aimer ma vidéo pour me soutenir, à très bientôt 😉

John Galliano

Hello tout le monde, je n’ai pas été très active sur le blog ces derniers temps. Entre les cours et les projets j’ai été un peu submergée. Je vais aussi davantage me concentrer sur ma chaîne Youtube. Du coup voici ma vidéo parlant du parcours du créateur de mode John Galliano tout en dessinant une de ses créations. J’espère que cela va vous plaire, à bientôt ! N’hésitez pas à venir me voir, me parler sur instagram où j’y suis beaucoup plus active 😉

https://youtu.be/8i8a7rS0mOU

Paula Modersohn-Becker, une peintre avant-gardiste allemande

Paula Modersohn-Becker (1876-1907), est une des premières représentante allemande de l’expressionnisme. Elle a longtemps été oubliée bien qu’elle ait produit environs 750 (ou plus de 400) tableaux et plus de 1000 dessins en à peine une dizaine d’années (8 ans de carrière) .

Voici ma vidéo youtube sur Paula Becker : https://youtu.be/UcEOlkJHjSk


Ses parents sont amateurs d’art et de culture, ils l’encouragent donc dans sa pratique artistique. À 10 ans, elle est témoin de la mort de son cousin de 11 ans qui s’étouffe dans le bac à sable. Cet événement l’a profondément marquée et certains y voient l’explication de son intérêt à peindre des enfants. 

Paula Modherson-Becker, Portrait of a Girl with a Hand Spread across Her Chest, c.1905, huile sur toile, 41 × 33 cm, von der Heydt Museum


En 1888 elle suit des cours de dessin lorsque sa famille s’installe à Brême. À 16 ans, elle part à Londres avec son oncle et sa tante où elle prend des cours à la Saint John’s wood art school. Elle retourne chez elle quelques mois après à cause de son état de santé. Paula accepte de faire une formation de deux ans pour être gouvernante à la demande de ses parents mais elle réussit à obtenir des cours de peintures/dessins. Après cette formation elle convainc son père d’étudier à la art school de Berlin où elle étudie quelques mois puis pendant deux ans elle fait ses études à la drawing and painting school of the association of women artists. Durant cette période, lorsqu’elle n’est pas à l’école elle visite la communauté de Worspwede (nord de l’Allemagne). Communauté qui est inspirée par l’école de Barbizon, ces peintres cherchent à donner une place primordiale à la nature, ils représentent ainsi des paysages et des scènes de la vie paysanne. C’est pourquoi en 1898, elle déménage là-bas pour étudier avec le fondateur de la colonie Fritz Mackensen. 


C’est en janvier 1900 qu’elle va étudier pour la première fois à Paris. Elle fréquente l’académie Colarossi et l’école des beaux arts. C’est là qu’elle épanouit sa passion pour le nu et découvre la peinture de Cézanne. De retour à Worpswede elle rencontre le fameux Rainer Maria Rilke qui deviendra un ami proche. C’est durant cette période qu’elle se marie avec un peintre Otto Modersohn de la communauté d’artistes de Worpswede (en 1901). Pendant 5 ans, ils entretiennent une relation platonique. Durant ces années elle se sent extrêmement seule et se sent plus libre lorsque Otto est absent (ses témoignages nous sont parvenu notamment grâce à ses journaux intimes). D’autant plus que celui-ci ne l’encourage pas dans la voie expérimentale qu’elle adopte dans son style de peinture “elle tombe dans le travers de tout rendre grossier, laid, bizarre, comme en bois” et peint les “mains comme des cuillères, nez comme des pistons, bouche comme des plaies”. Rilke trouve au contraire qu’elle “peint sans égards”. 

Paula Modersohn-Becker, Old Peasant Woman, c.1905, huile sur toile, 75.5 cm x 57.7 cm, Detroit Institue of Arts

Elle effectue des voyages à Paris pour y étudier en 1903 et 1905. Elle étudie les maîtres dans les musées, visite les salons, les expositions et adore particulièrement des artistes tel que Cézanne ou Gauguin, le douanier Rousseau, Matisse ou les nabis. Au Louvre elle est fascinée par les portraits funéraires du Fayoum. Cela la pousse à préférer les formes simplifiées et des couleurs plus symboliques qu’inspirée de la nature. Grâce au connexion de Rilke elle rencontre Auguste Rodin, Picasso. Elle rencontre aussi Maurice Denis, Aristide Maillol, Édouard Vuillard, le douanier rousseau. dans son atelier du 14e arrondissement. 

Portrait de jeune femme
IIe siècle après J.-C. bois de cèdre peint à l’encaustique et doré
42 cm. x 24 cm. Musée du Louvre


Elle délaisse les paysages classiques des artistes de worspwede et se concentre sur les portraits et la peinture d’après nature. 
En février 1906, elle s’installe véritablement à Paris sans son mari. Elle produit 80 travaux en seulement une année. Elle consulte un avocat pour divorcer mais ne va pas plus loin probablement car son revenu financier dépend de son mari. Son travail est montré dans une exposition avec les autres artistes de Worpswede à Bremen. De son vivant elle n’a exposé que cinq fois dans des expositions collectives et n’a vendu que trois toiles à des amis. 
Inspirée par les post-impressionnistes, elle veut comme eux essayer de dépasser l’impressionnisme. Elle peint des sujets de sa vie quotidienne (mère à l’enfant, natures mortes d’après nature ou paysages).Elle peint à la détrempe selon un procédé inédit, mélange d’huile et d’eau. Elle n’idéalise pas les portraits des femmes. Elle se prend souvent pour modèle, souvent nue. C’est d’ailleurs, une des premières artistes à peindre des femmes enceintes, image peu commune au début du XXe. 

Paula Modersohn-Becker, Stillende Mutter, huile sur papier, 72.2 cm x 48 cm, museum kunst palast
Paula Modherson-Becker,  Kneeling breast feeding mother, Unknown date

Paula-Modersohn-Becker, Selfportrait at 6th wedding anniversary, 1906, tempera sur toile,
101,8 cm x 70,2 cm, Musée Paula-Modersohn-Becker, Brême

Dans ses toiles de maturité 1906-1907 elle unit un naturalisme lyrique et de larges aplats de couleur avec une palette restreinte. L’expression des sentiments était plus importante pour elle que la représentation mimétique de la réalité, elle est ainsi souvent associé à l’expressionnisme. 

En mars 1907, Paula tombe enceinte et retourne à Worspede. Elle voulait profondément aller à l’exposition de Cézanne mais ne pouvait pas à cause de ses obligations. Paula meurt peu de temps après avoir donné naissance.  Le côté avant-gardiste de sa peinture fait qu’elle est exposée parmi les artistes dégénérés à Munich en 1937 sous le régime nazi. En 2016, une exposition monographique- la première en France- lui est dédié au musée d’art moderne de la ville de Paris sous le commissariat de Julia Garimorth. 

J’espère que cet article vous aura été utile, n’hésitez pas à aimer et commenter ma vidéo, à dans un mois !

Retoucher son dessin sur son téléphone (avec l’application Snapseed)

Si vous n’avez pas photoshop ou si vous voulez retoucher rapidement votre dessin pour instagram vous pouvez utiliser l’application de retouche Snapseed. Attention le dessin ne sera pas d’assez haute qualité pour être imprimé mais c’est très pratique pour le publié sur les réseaux sociaux.

Dans ce tuto je vous montre comment je retouche mon dessin sur Snapseed : https://youtu.be/TxSgUSfdq_0

Je prends une photo de mon dessin avec mon smarthphone. Je l’importe sur snapseed en cliquant en haut à gauche sur ouvrir.

Ensuite je modifie :

•la luminosité, le contraste et l’ambiance dans l’outils retouches

•j’éclaire certaine partie du dessin avec l’outil sélection

•je dé-sature et sature certains éléments

Pour finir j’enregistre mon dessin en cliquant en bas à gauche sur exporter puis enregistrer.

J’espère que ce tuto en vidéo vous a été utile et si cette vidéo vous a plu n’hésitez pas à aimer ou à commenter. À dans un mois !

Artemisia Gentileschi, une peintre au XVIIe

Rares sont les femmes peintres que l’on connaît de la période “baroque”, peut être même que vous n’en connaissez aucune. Mais Artemisia Gentileschi (1593-1652/53) fait partie de la minorité de celles qui ont su s’imposer au XVIIe. 

Si vous voulez voir la version vidéo : https://youtu.be/hb3r9kWZfsE


Fille d’un peintre bénéficiant d’une certaine renommée, Orazio Gentileschi, d’abord influencé par le maniérisme tardif est l’un des premiers peintres à suivre la peinture du Caravage (caravagisme). Orazio était même un ami de Caravage, l’influence de ce dernier est visible à la fois dans la peinture d’Orazio et dans celle d’Artemisia. Orazio lui enseigne la peinture dès son plus jeune âge mais ne lui apprend ni à lire ni à écrire (ce qu’elle fera bien plus tard) 
À 17 ans, elle réalise Suzanne et les vieillards. Elle sera comme dans cette peinture souvent son propre modèle à une époque où les papes interdisaient les nus féminins (les peintres détournaient l’interdit en prenant pour modèle des prostituées). Contrairement à son père Artemisia ne recherche pas la précision et une surface très lisse de la peinture et apporte une grande attention aux détails dramatiques des histoires qu’elle peint. Comme on peut le voir dans cette peinture où Suzanne exprime sa frayeur dans son visage et dans ses gestes.

Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards, 1610, huile sur toile, 170 cm x 121 cm, Château Weissenstein, Allemagne


Un événement va marquer un tournant dans sa vie de femme et d’artiste. L’académie de Saint Luc étant interdite aux femmes, en 1611 son père Orazio emploie donc un peintre (Agostino Tassi) pour lui enseigner la perspective. Mais elle se fait violer par ce dernier. L’affaire du viol abouti à un procès d’ailleurs non pour viol (qui importe peu à la justice papale) mais pour stupro qualificato (défloraison avec promesse de mariage) . Les témoins du procès dont Artemisia subissaient des tortures car l’on considérait à l’époque que cela pouvait démêler le vrai du faux. Artemisia subit la torture des “Sibylles” où l’on passe une corde entre les doigts et l’on serre parfois jusqu’à la brisure. Tassi fut condamné à l’emprisonnement et à 5 ans d’exil mais il ne subira pas sa peine car il était toujours sous la protection de puissants mécènes. Beaucoup d’historiens de l’art voient dans la violence de ses peintures une façon de prendre sa revanche.


Peu après l’affaire Orazio marie sa fille au peintre Pierantonio Stiattesi pour rétablir son “honneur”. En 1612, le couple déménage à Florence. C’est là qu’elle va recevoir sa première grande commande, la réalisation d’une fresque à la Casa buonarotti (la maison de Michelangelo). En 1616, Elle a été la première femme à être acceptée à l’Accademia delle Arti del Disegno (L’académie du dessin) à Florence, cela lui permet de signer son propre nom sur les contrats, acheter des couleurs, recevoir et négocier des paiements. Elle a aussi eu pour mécène Cosimo II de medicis. Bien qu’elle reçoit beaucoup de commande à Florence (portraits, scènes bibliques…) elle ne recevra pas de commande publique là-bas. 

Artemisia entretenait une relation avec Francesco Maria di Niccolò Maringhi. En 1621 elle part à Rome sans son mari. Rome est alors dominée par l’apogée du style baroque. Elle continue à être influencé par les peintures du Caravage et travaille notamment avec Simon Vouet. Mais Rome ne lui donne pas le succès qu’elle espérait, les commissions se font rares. Les commanditaires probablement peu habitués aux peintres femmes lui préfèrent d’autres peintres pour la réalisation de peinture de grands édifices. 


En 1630, Artemisia va à Naples continuant sa vie sans son mari mais avec sa fille Prudentia. En 1638, Artemisia est invité par Charles I à Londres. Son père Orazio était d’ailleurs peintre de cour là-bas depuis 1626. Orazio est un des premiers peintres italien à avoir introduit le caravagisme en Angleterre. À Londres, elle peint parmi ses toiles les plus connu comme son autoportrait en tant que l’allégorie de la peinture (1638)

Artemisia Gentileschi, Autoportrait en allégorie de la peinture, 1638-1639, huile sur toile, 98.6 x 75, 2 cm, Château de Windsor, Londres


N’ayant pas eu la même éducation que les hommes elle apporte une vision différentes de ceux-ci. Elle insuffle aux héroïnes mythologiques et bibliques une réelle capacité d’action contrairement à leur statut d’objet ou passif d’autres représentations.

Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1610, huile sur toile, 158.8 x 125.5 cm, Museo Capodimonte, Naples


On a longtemps confondu ses peintures avec celles de son père. Mais dans la publication Gentileschi père et fille de 1916 l’historien Roberto Longhi met son œuvre en lumière . Mais ce sont des historiennes des années 1970-80 (comme Linda Nochlin et Ann Sutherland Harris avec l’exposition “Women artists :1550-1950”, Mary Garrard.. ) qui révéleront véritablement l’ampleur du travail d’une artiste peignant les genres les plus nobles de l’époque comme la peinture historique ou la peinture religieuse. 

Artemisia Gentileschi, Judith et sa servante, 1612-1613, huile sur toile, 114 x 94 cm, Palais Pitti, Florence
Artemisia Gentileschi, Marie Madeleine en mélancolie, 1622-1625, huile sur toile, 122 x 96 cm, cathédrale Notre-dame-du-Siège de Séville

J’espère que cet article vous a plu et vous a appris de nouvelles choses. N’hésitez pas à aimer l’article ou à commenter, à bientôt !

Artemisia Gentileschi, une peintre au XVIIe

Rares sont les femmes peintres que l’on connaît de la période “baroque”, peut être même que vous n’en connaissez aucune. Mais Artemisia Gentileschi (1593-1652/53) fait partie de la minorité de celles qui ont su s’imposer au XVIIe. 

Si vous voulez voir la version vidéo : https://youtu.be/hb3r9kWZfsE


Fille d’un peintre bénéficiant d’une certaine renommée, Orazio Gentileschi, d’abord influencé par le maniérisme tardif est l’un des premiers peintres à suivre la peinture du Caravage (caravagisme). Orazio était même un ami de Caravage, l’influence de ce dernier est visible à la fois dans la peinture d’Orazio et dans celle d’Artemisia. Orazio lui enseigne la peinture dès son plus jeune âge mais ne lui apprend ni à lire ni à écrire (ce qu’elle fera bien plus tard) 
À 17 ans, elle réalise Suzanne et les vieillards. Elle sera comme dans cette peinture souvent son propre modèle à une époque où les papes interdisaient les nus féminins (les peintres détournaient l’interdit en prenant pour modèle des prostituées). Contrairement à son père Artemisia ne recherche pas la précision et une surface très lisse de la peinture et apporte une grande attention aux détails dramatiques des histoires qu’elle peint. Comme on peut le voir dans cette peinture où Suzanne exprime sa frayeur dans son visage et dans ses gestes.

Artemisia Gentileschi, Suzanne et les vieillards, 1610, huile sur toile, 170 cm x 121 cm, Château Weissenstein, Allemagne


Un événement va marquer un tournant dans sa vie de femme et d’artiste. L’académie de Saint Luc étant interdite aux femmes, en 1611 son père Orazio emploie donc un peintre (Agostino Tassi) pour lui enseigner la perspective. Mais elle se fait violer par ce dernier. L’affaire du viol abouti à un procès d’ailleurs non pour viol (qui importe peu à la justice papale) mais pour stupro qualificato (défloraison avec promesse de mariage) . Les témoins du procès dont Artemisia subissaient des tortures car l’on considérait à l’époque que cela pouvait démêler le vrai du faux. Artemisia subit la torture des “Sibylles” où l’on passe une corde entre les doigts et l’on serre parfois jusqu’à la brisure. Tassi fut condamné à l’emprisonnement et à 5 ans d’exil mais il ne subira pas sa peine car il était toujours sous la protection de puissants mécènes. Beaucoup d’historiens de l’art voient dans la violence de ses peintures une façon de prendre sa revanche.


Peu après l’affaire Orazio marie sa fille au peintre Pierantonio Stiattesi pour rétablir son “honneur”. En 1612, le couple déménage à Florence. C’est là qu’elle va recevoir sa première grande commande, la réalisation d’une fresque à la Casa buonarotti (la maison de Michelangelo). En 1616, Elle a été la première femme à être acceptée à l’Accademia delle Arti del Disegno (L’académie du dessin) à Florence, cela lui permet de signer son propre nom sur les contrats, acheter des couleurs, recevoir et négocier des paiements. Elle a aussi eu pour mécène Cosimo II de medicis. Bien qu’elle reçoit beaucoup de commande à Florence (portraits, scènes bibliques…) elle ne recevra pas de commande publique là-bas. 

Artemisia entretenait une relation avec Francesco Maria di Niccolò Maringhi. En 1621 elle part à Rome sans son mari. Rome est alors dominée par l’apogée du style baroque. Elle continue à être influencé par les peintures du Caravage et travaille notamment avec Simon Vouet. Mais Rome ne lui donne pas le succès qu’elle espérait, les commissions se font rares. Les commanditaires probablement peu habitués aux peintres femmes lui préfèrent d’autres peintres pour la réalisation de peinture de grands édifices. 


En 1630, Artemisia va à Naples continuant sa vie sans son mari mais avec sa fille Prudentia. En 1638, Artemisia est invité par Charles I à Londres. Son père Orazio était d’ailleurs peintre de cour là-bas depuis 1626. Orazio est un des premiers peintres italien à avoir introduit le caravagisme en Angleterre. À Londres, elle peint parmi ses toiles les plus connu comme son autoportrait en tant que l’allégorie de la peinture (1638)

Artemisia Gentileschi, Autoportrait en allégorie de la peinture, 1638-1639, huile sur toile, 98.6 x 75, 2 cm, Château de Windsor, Londres


N’ayant pas eu la même éducation que les hommes elle apporte une vision différentes de ceux-ci. Elle insuffle aux héroïnes mythologiques et bibliques une réelle capacité d’action contrairement à leur statut d’objet ou passif d’autres représentations.

Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1610, huile sur toile, 158.8 x 125.5 cm, Museo Capodimonte, Naples


On a longtemps confondu ses peintures avec celles de son père. Mais dans la publication Gentileschi père et fille de 1916 l’historien Roberto Longhi met son œuvre en lumière . Mais ce sont des historiennes des années 1970-80 (comme Linda Nochlin et Ann Sutherland Harris avec l’exposition “Women artists :1550-1950”, Mary Garrard.. ) qui révéleront véritablement l’ampleur du travail d’une artiste peignant les genres les plus nobles de l’époque comme la peinture historique ou la peinture religieuse. 

Artemisia Gentileschi, Judith et sa servante, 1612-1613, huile sur toile, 114 x 94 cm, Palais Pitti, Florence
Artemisia Gentileschi, Marie Madeleine en mélancolie, 1622-1625, huile sur toile, 122 x 96 cm, cathédrale Notre-dame-du-Siège de Séville

J’espère que cet article vous a plu et vous a appris de nouvelles choses. N’hésitez pas à aimer l’article ou à commenter, à bientôt !