Décédée il y a 5 ans, c’est la première fois que l’on expose l’artiste de manière posthume à Paris. La dernière fois que l’on avait présenté son travail c’était à la galerie nationale du jeu de paume en 2003. Et la première fois que l’on avait exposé l’artiste à Paris c’était au grand Palais en 1981.
L’exposition Zao Wou-ki a lieu au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris du 1er juin 2018 au 6 janvier 2019.
L’EXPOSITION
Elle présente une quarantaine de peintures sur toile et sur papier datant de 1949 à 2006.
L’expo s’articule principalement en quatre salles. Les salles suivent l’évolution chronologique des œuvres de l’artiste. Il faut savoir que l’exposition se focalise uniquement sur les œuvres dites « abstraites » de Zao Wou-ki et sur ses grands formats.
ZAO WOU-KI (1920-2013)
Descendant de la dynastie Song, le prénom Wou-ki signifie « sans limites / illimité ». Ce nom colle parfaitement au message véhiculé dans ses œuvres.
Né dans un milieu aisé, son père qui était banquier l’encourage dans la voie de la peinture. Il apprend la peinture traditionnelle chinoise dont la calligraphie. La calligraphie lui donnera la spontanéité et la liberté dans le geste. Il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts de Hangzhou. Il y rencontre Vadime Elisseeff, attaché culturel de l’ambassade de France en Chine. Ce dernier encourage le jeune Wou-ki à venir à Paris. D’ailleurs, Zao admire depuis son enfance les artistes européens tel que Cézanne, Matisse et Picasso.
En 1948, âgé de 28 ans, Zao Wou-Ki quitte sa Chine natale pour la France alors centre artistique en concurrence avec les Etats-Unis. La première chose qu’il fait une fois arrivé en France c’est aller visiter le Louvre.
En 1950, Henri Michaux voit des lithographies de Wou-ki, tellement inspiré il écrivit spontanément huit poèmes pour les illustrer. Ainsi naît une grande amitié entre les deux hommes. Zao Wou-ki réussit à s’intégrer et à s’immerger dans le milieu artistique parisien. Il deviendra l’ami de Pierre Soulages, J. Miro, A. Malraux…
En 1951, la découverte de Paul Klee le fascine et l’oriente vers l’abstraction. Et la découverte des peintres américains abstraits le conforte dans l’idée de faire des grands formats. Il peint ses toiles à même le sol et tourne autour tel un Jackson Pollock.
Après la mort de sa deuxième épouse il retournera en Chine. Cette période marquera un tournant dans son art. Encouragé par son ami Henri Michaux il reprend les encres et renoue avec les techniques traditionnelles dont la calligraphie.
En 2008, le peintre arrêtât définitivement la peinture. Il continuera tout de même la céramique comme l’illustre sa collaboration avec la Manufacture de Sèvres.
LES ŒUVRES

Traversée des apparences
La figuration disparaît. La toile devient un espace nouveau qui diffère du réel. Le motif est concentré dans le centre, plus tard le peintre les rejettera sur les côtés. On aperçoit des signes, cela rappelle la calligraphie mais ici elles sont dépourvues de significations.

Nous deux
Peint suite à la séparation avec sa femme. On retrouve des idéogrammes. Ceux-ci se fondent et tendent à disparaître dans la couleur. Les couleurs sont chaudes. Il y a de la lumière au centre mais les ombres paraissent menaçantes.

Hommage à Edgar Varèse
Edgar Varèse choqua le monde de la musique en introduisant des sons électroniques. La peinture est tout en mouvement, agitée voir violente. Les motifs sont rassemblés au centre. La musique sera une grande source d’inspiration et tiendra une place importante dans la vie et dans l’oeuvre du peintre.

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Le peintre abandonne les titres subjectifs. Il donnera pour titre la date à laquelle la peinture est terminée. Celle-ci est finie un 1er avril 1966. Ici, la couleur est utilisée comme un moyen d’expression.

En mémoire de May
Hommage à sa deuxième femme décédée. A la suite de cette déchirure il perd l’envie de peindre mais exécuta tout de même cette peinture. De grands traits ou trous noirs envahissent l’espace.

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On voit la présence d’un vide centrale et les motifs sont rejetés sur les bords. La toile fait penser à la force des éléments naturels et le mouvement circulaire fait penser aux oculus de la Renaissance italienne comme celle d’Andrea Mantegna.

Hommage à Henri Matisse
Cette peinture fait référence au tableau de Matisse, Porte fenêtre à Collioure. Nous reconnaissons l’hommage à Matisse avec seulement l’usage de la palette et l’utilisation de l’espace de la toile.

Hommage à Monet
Les nymphéas de Monet marque l’esprit de l’artiste. On retrouve l’essence organique des sujets de Monet ainsi que le mouvement, la palette et la lumière.
L’artiste a su tirer son inspiration à la fois dans l’Orient et dans l’Occident. Il a ainsi créer sa propre identité, son propre univers. L’abstraction de Zao Wou-ki est unique. Elle dégage quelque chose d’organique et nous immerge dans les éléments naturels. On a même qualifié cette abstraction de « lyrique ». Son grand-père lui disait que la calligraphie était un art dès lors qu’elle dégageait une émotion. Ainsi on ressent devant ses toiles émotions, puissance et poésie.
– https://barnies.fr/zao-wou-ki/
-http://www.zaowouki.org/evnements-1/162018rtrospective-zao-wou-kis-lespace-est-silence-au-musee-dart-moderne-de-la-ville-de-paris
– https://www.youtube.com/watch?v=iAzAzfEYAt4
– https://www.youtube.com/watch?v=ZnufBbWqLHY
-http://www.zaowouki.org/biographie/
-Zao Wou-ki, Beaux-arts, 68 pages, paru le 20 juin 2018, broché, 22 x 28,5 cm, EAN : 9791020404534
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