Paula Modersohn-Becker, une peintre avant-gardiste allemande

Paula Modersohn-Becker (1876-1907), est une des premières représentante allemande de l’expressionnisme. Elle a longtemps été oubliée bien qu’elle ait produit environs 750 (ou plus de 400) tableaux et plus de 1000 dessins en à peine une dizaine d’années (8 ans de carrière) .

Voici ma vidéo youtube sur Paula Becker : https://youtu.be/UcEOlkJHjSk


Ses parents sont amateurs d’art et de culture, ils l’encouragent donc dans sa pratique artistique. À 10 ans, elle est témoin de la mort de son cousin de 11 ans qui s’étouffe dans le bac à sable. Cet événement l’a profondément marquée et certains y voient l’explication de son intérêt à peindre des enfants. 

Paula Modherson-Becker, Portrait of a Girl with a Hand Spread across Her Chest, c.1905, huile sur toile, 41 × 33 cm, von der Heydt Museum


En 1888 elle suit des cours de dessin lorsque sa famille s’installe à Brême. À 16 ans, elle part à Londres avec son oncle et sa tante où elle prend des cours à la Saint John’s wood art school. Elle retourne chez elle quelques mois après à cause de son état de santé. Paula accepte de faire une formation de deux ans pour être gouvernante à la demande de ses parents mais elle réussit à obtenir des cours de peintures/dessins. Après cette formation elle convainc son père d’étudier à la art school de Berlin où elle étudie quelques mois puis pendant deux ans elle fait ses études à la drawing and painting school of the association of women artists. Durant cette période, lorsqu’elle n’est pas à l’école elle visite la communauté de Worspwede (nord de l’Allemagne). Communauté qui est inspirée par l’école de Barbizon, ces peintres cherchent à donner une place primordiale à la nature, ils représentent ainsi des paysages et des scènes de la vie paysanne. C’est pourquoi en 1898, elle déménage là-bas pour étudier avec le fondateur de la colonie Fritz Mackensen. 


C’est en janvier 1900 qu’elle va étudier pour la première fois à Paris. Elle fréquente l’académie Colarossi et l’école des beaux arts. C’est là qu’elle épanouit sa passion pour le nu et découvre la peinture de Cézanne. De retour à Worpswede elle rencontre le fameux Rainer Maria Rilke qui deviendra un ami proche. C’est durant cette période qu’elle se marie avec un peintre Otto Modersohn de la communauté d’artistes de Worpswede (en 1901). Pendant 5 ans, ils entretiennent une relation platonique. Durant ces années elle se sent extrêmement seule et se sent plus libre lorsque Otto est absent (ses témoignages nous sont parvenu notamment grâce à ses journaux intimes). D’autant plus que celui-ci ne l’encourage pas dans la voie expérimentale qu’elle adopte dans son style de peinture “elle tombe dans le travers de tout rendre grossier, laid, bizarre, comme en bois” et peint les “mains comme des cuillères, nez comme des pistons, bouche comme des plaies”. Rilke trouve au contraire qu’elle “peint sans égards”. 

Paula Modersohn-Becker, Old Peasant Woman, c.1905, huile sur toile, 75.5 cm x 57.7 cm, Detroit Institue of Arts

Elle effectue des voyages à Paris pour y étudier en 1903 et 1905. Elle étudie les maîtres dans les musées, visite les salons, les expositions et adore particulièrement des artistes tel que Cézanne ou Gauguin, le douanier Rousseau, Matisse ou les nabis. Au Louvre elle est fascinée par les portraits funéraires du Fayoum. Cela la pousse à préférer les formes simplifiées et des couleurs plus symboliques qu’inspirée de la nature. Grâce au connexion de Rilke elle rencontre Auguste Rodin, Picasso. Elle rencontre aussi Maurice Denis, Aristide Maillol, Édouard Vuillard, le douanier rousseau. dans son atelier du 14e arrondissement. 

Portrait de jeune femme
IIe siècle après J.-C. bois de cèdre peint à l’encaustique et doré
42 cm. x 24 cm. Musée du Louvre


Elle délaisse les paysages classiques des artistes de worspwede et se concentre sur les portraits et la peinture d’après nature. 
En février 1906, elle s’installe véritablement à Paris sans son mari. Elle produit 80 travaux en seulement une année. Elle consulte un avocat pour divorcer mais ne va pas plus loin probablement car son revenu financier dépend de son mari. Son travail est montré dans une exposition avec les autres artistes de Worpswede à Bremen. De son vivant elle n’a exposé que cinq fois dans des expositions collectives et n’a vendu que trois toiles à des amis. 
Inspirée par les post-impressionnistes, elle veut comme eux essayer de dépasser l’impressionnisme. Elle peint des sujets de sa vie quotidienne (mère à l’enfant, natures mortes d’après nature ou paysages).Elle peint à la détrempe selon un procédé inédit, mélange d’huile et d’eau. Elle n’idéalise pas les portraits des femmes. Elle se prend souvent pour modèle, souvent nue. C’est d’ailleurs, une des premières artistes à peindre des femmes enceintes, image peu commune au début du XXe. 

Paula Modersohn-Becker, Stillende Mutter, huile sur papier, 72.2 cm x 48 cm, museum kunst palast
Paula Modherson-Becker,  Kneeling breast feeding mother, Unknown date

Paula-Modersohn-Becker, Selfportrait at 6th wedding anniversary, 1906, tempera sur toile,
101,8 cm x 70,2 cm, Musée Paula-Modersohn-Becker, Brême

Dans ses toiles de maturité 1906-1907 elle unit un naturalisme lyrique et de larges aplats de couleur avec une palette restreinte. L’expression des sentiments était plus importante pour elle que la représentation mimétique de la réalité, elle est ainsi souvent associé à l’expressionnisme. 

En mars 1907, Paula tombe enceinte et retourne à Worspede. Elle voulait profondément aller à l’exposition de Cézanne mais ne pouvait pas à cause de ses obligations. Paula meurt peu de temps après avoir donné naissance.  Le côté avant-gardiste de sa peinture fait qu’elle est exposée parmi les artistes dégénérés à Munich en 1937 sous le régime nazi. En 2016, une exposition monographique- la première en France- lui est dédié au musée d’art moderne de la ville de Paris sous le commissariat de Julia Garimorth. 

J’espère que cet article vous aura été utile, n’hésitez pas à aimer et commenter ma vidéo, à dans un mois !

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